Snowcamp 2020 : Back to the green

Fin janvier, se tenait au World Trade Center à Grenoble la conférence technique “SnowCamp”. Comme depuis plusieurs années maintenant Zenika était présent comme sponsor, en tant que speakers ou simples participants. Les participants ont pu suivre diverses conférences sur le développement front et back, suivre des retours d’expériences, découvrir de nouvelles technologies, apprendre à améliorer nos compétences et savoir être.

Aujourd’hui on voulait partager ce qu’on a appris sur le “green développement” pour diffuser les conseils et techniques que l’on a découvert pour permettre à la communauté de progresser plus rapidement sur le sujet et que l’on avance tous ensemble dans la même direction.

De l’écoconception à la low-tech numérique, Frédéric Bordage

La première conférence est animée par Frédéric Bordage, expert du numérique responsable et de la sobriété numérique, membre de la communauté GreenIT. La salle est fantastiquement pleine avec des participants assis par terre ou bien debout. Les acteurs du numérique ont largement répondu à l’appel et c’est plaisant de voir cet engouement sur la question du numérique et du développement durable. 

Aujourd’hui le secteur du numérique représente 3 fois l’empreinte environnementale de la France et cette charge significative est directement imputable à ces 34 milliards d’équipements et ces 4 milliards d’utilisateurs. L’étude de GreenIT permet de faire ressortir que le numérique est responsable de 4,2% de consommation d’énergie primaire mondiale, 3,8% des émissions de gaz à effet de serre et 0,2% de la consommation d’eau. 

De par leur nombre important, les équipements sont la principale source d’impact du numérique. Ces impacts sont répartis entre les centres informatiques à hauteur de 12%, le réseau qui totalise 18% des impacts et enfin les utilisateurs qui représentent 70% de l’empreinte. Ainsi Frédéric et le rapport de GreenIT imputent la majeure  responsabilité de l’empreinte environnementale à la fabrication des équipements et à leur consommation électrique. Finalement, Frédéric Bordage nous alerte sur le fait que si nous ne faisons rien pour empêcher l’épuisement des ressources, toute activité numérique pourrait disparaître d’ici 30 ans… il nous faut donc sans attendre fabriquer moins d’équipements et tout faire pour les conserver et les maintenir plus longtemps.

La durée de vie des équipements électroniques a drastiquement diminué; elle est passée de 10 à 15 ans en 1985 à 3 à 4 ans aujourd’hui; et rajoutons à cela qu’aujourd’hui il est très difficile, voire impossible, de réparer, renouveler et recycler son matériel. En tant que développeurs, nous sommes responsables du ralentissement de nos machines et responsables du renouvellement des équipements. En cause les logiciels de plus en plus gourmands en ressources, obligeant les utilisateurs à renouveler leur matériel pour utiliser efficacement nos logiciels. GreenIT nous invite donc à lutter contre les “obesiciels”.

Pour avoir un ordre d’idée, une page web pèse 115 fois plus lourd aujourd’hui qu’en 1995 et la consommation de mémoire a augmenté de 114 fois. Et pourtant, en 1995, le web permettait déjà énormément de choses et de services. Il devient donc urgent de mettre l’écoconception au coeur du développement de services numériques et heureusement il existe un standard permettant  de réduire les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service : ISO 14062 : « Intégration des contraintes environnementales dans la conception de produits et services selon une approche globale et multicritères ».

L’écoconception est avant tout une démarche d’efficience et de frugalité dans laquelle on vise une sobriété numérique. Pour atteindre cet objectif, l’étude porte notre attention sur plusieurs points classés par importance : 

  • une réflexion sur l’usage et l’unité fonctionnelle, 
  • allonger la durée de vie des terminaux, 
  • réduire le nombre de serveurs puis …
  • réduire la quantité de bande passante. 

L’économie ne peut plus être seulement la maximisation du profit, ce doit être une performance globale, qui prend en compte les critères sociaux et environnementaux.

Les slides de la conférence

Développement zéro déchet, Kevin Morin & Cécilia Bossard

La seconde conférence autour du sujet Green est animée par Kévin et Cécilia de Code Lutin, une agence de développement web. Encore une fois le sujet fait carton plein et la salle est comble. Le développement zéro déchet est une démarche inspirée du concept de zéro déchet dont le principe s’articule autour de 5 règles : refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter. Kévin et Cécilia se sont employés à appliquer ces principes pour le développement web. 

Le premier axe consiste à épurer les fonctionnalités superflues et non nécessaires au bon fonctionnement du service. En tant que développeur nous n’accepterons plus de développer des fonctionnalités dont l’utilisateur n’a pas besoin. Et pour cela notre rôle est de mieux accompagner le client dans l’affinement et l’expression de sa demande. C’est finalement en lien et cohérent avec la démarche d’éco-conception. Nous devons refuser de développer ce dont nous n’avons pas vraiment besoin.

Ensuite le guide du zéro déchet nous conseille d’orienter nos actions sur la réduction. Pour cela, encore une fois, la démarche doit passer par l’affinement du besoin utilisateur. Nous pouvons mesurer et quantifier l’usage afin de supprimer et d’alléger les fonctionnalités peu ou pas utilisées. En fin de compte, aller à l’essentiel. Il faut aussi se poser la question de l’importance de la qualité et du niveau de service à mettre en place. Ai-je besoin que mon service soit disponible 24h/24, 7j/7 ? Une petite panne est-elle acceptable ? Faut-il mettre en place un cluster kubernetes répliqué sur plusieurs continent ? Un niveau de service important coûte cher financièrement et impacte fortement l’environnement alors posons nous ces questions. 

Par ailleurs il existe beaucoup de bonnes pratiques permettant de réduire l’empreinte environnementale comme limiter les requêtes http entre le client et le serveur, limiter les ressources utilisées, éviter les animations javascript au profit de CSS ou même supprimer les animations. 

Le troisième principe du zéro déchets consiste à réutiliser et donner une seconde vie à ce qu’on utilise. La réutilisation est un principe majeur dans le développement afin de gagner du temps et ne pas réinventer la roue en permanence. Pour cela nous créons des librairies, des services, des composants et nous réutilisons notre code. Mais il est possible d’étendre cela dans nos applications. Par exemple, nous pouvons mettre en cache pour éviter de recalculer et d’éviter que les traitements gourmands en ressources ne s’exécutent plusieurs fois. Le cache permet même d’augmenter les performances. Une autre pratique de réutilisation facile à mettre en place est d’utiliser les polices de caractères standard déjà présentes sur les systèmes d’exploitation jusqu’au niveau des pictos (ex. polices wingdings).

Pour l’axe du recyclage, il est difficile à implémenter dans le développement. Bien sûr nous pouvons recycler notre matériel de travail ou du moins le peu qui est recyclable ; alors efforçons-nous de le garder le plus longtemps possible. Il est néanmoins possible de recycler les données des applications en fin de vie et les données obsolètes. Il faut anticiper et prévoir un plan d’action de décommissionnement des données et des applications en début de projet pour supprimer ce qui n’est plus utilisé. 

Enfin concernant le compostage, Code Lutin n’a pas trouvé d’analogie dans le développement et effectivement aujourd’hui ni code ni équipement ne sont biodégradables alors que les développeurs et ceux qui ne jouent pas le jeu iront très bien au composte 😉.

Finalement ce que nous a appris Code Lutin c’est qu’il existe des techniques et outils pour limiter l’impact des logiciels que nous développons, mais pour ça il faut mesurer nos actions pour vérifier l’efficience de celles-ci.

Les slides de la conférence

Ok on fait quoi maintenant ?

« Low-tech, décroissance, communs, open source, bienveillance, éthique, accessibilité, écoconception, économie collaborative et circulaire, zéro déchet, lutte contre l’obsolescence programmée, etc. : tous les mouvements et toutes les initiatives convergent pour proposer un avenir alternatif enviable, créatif et plaisant. » – GreenIT

Des communautés se créent pour accélérer la démarche, les acteurs du numérique s’impliquent, les développeurs se sensibilisent, mais il faut faire vite, plus vite, beaucoup plus vite. L’urgence est de pouvoir mesurer nos impacts et de mesurer nos actions pour communiquer et partager nos connaissances sur les sujets. Il existe déjà des outils comme eco-index qui permet d’évaluer l’impact d’un site web, des livres et guides à l’éco-conception, des lieux de réflexions et collectifs comme GreenIT.fr et encore plein d’autres outils et ressources. 

Alors mobilisons-nous pour avancer ensemble et plus vite dans la bonne direction. Instruisons-nous, mesurons nos impacts, formons-nous, entrainons-nous à l’éco-conception de services numériques, et propageons nos connaissances autour de nous ! 

À quand le prochain #GreenDrivenDesign dojo ? Pour les Grenoblois, on voudrait s’organiser pour préparer la prochaine session d’entraînement au HUB612 et trouver des moyens de progresser sur le sujet puis faire transmettre nos savoir-faire. Contactez-nous sur grenoble@zenika.com pour qu’on trouve une date et une session. 

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