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Pourquoi mettre en place une démarche GreenIT en 2024 ?

Il y a quelque jours, sur le slack de Zenika, notre CEO, Carl Azoury a partagé un article de Maddyness : « Pourquoi 2024 sera l’année du Green IT ». Cet article donne quelques arguments pour s’intéresser au sujet. En résumé : 

  • C’est (bien sûr) bon pour l’environnement
  • Cela permet de faire des économies (en économisant des ressources – facturées – et en achetant moins d’appareils)
  • C’est bon pour la qualité des services numériques
  • C’est mieux pour s’adapter aux législations présentes et futures

L’article est assez court et on reste un peu sur sa faim, mais il y a des liens intéressants à creuser. J’ai en particulier beaucoup aimé la présentation de Holly Cumins sur les Zombies du Cloud 🧟 qui dépensent de l’énergie (et des € !) pour rien. 

Je me suis donc fait la réflexion que je pourrais rebondir dessus et parler plus en détail des arguments pour pousser ce sujet. Or il se trouve que je l’ai déjà fait… en 2021 ! 

Or cette semaine, un nouveau lien me tombe dessus : Boavizta sort une étude sur comment convaincre sa hiérarchie avec également des arguments pour les dirigeants !

Graphique issue de l’étude de Boavizta.

Le temps semble donc venu mettre à jour publiquement l’argumentaire que nous déployons depuis quatre ans à Zenika. Voici donc pour vous aujourd’hui :

Pourquoi mettre en place une démarche GreenIT en 2024 ?

Par philanthropie

Bien sûr, le but premier est de réduire l’impact environnemental des services numériques et des systèmes d’information. 

Nous sommes tous concernés par l’impact environnemental des activités humaines, comme l’actualité nous le rappelle chaque jour. Nous avons dépassé la plupart des limites planétaires, les ressources naturelles s’épuisent et nous pouvons tous voir les effets du dérèglement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Dans ce contexte, tous les secteurs et toutes les entreprises doivent faire des efforts pour réduire leur impact. 

Le numérique n’est pas spécial : nous avons un impact environnemental, comme toutes les activités économiques. Cet impact n’est même pas négligeable : l’étude ADEME / ARCEP de 2022 et 2023 nous apprend que le numérique, rien qu’en France, émet 16,9 M de tonnes équivalent CO2, soit 2,5% de l’empreinte carbone du pays et plus que le secteur des déchets. Une autre façon de le voir : l’impact actuel du numérique représente 40% du budget carbone soutenable pour un européen moyen : si le numérique ne change pas, il ne reste donc que 60% pour tout le reste : transport, alimentation, vêtements, etc.

Mettre en place une démarche GreenIT, et plus largemement numérique responsable, est aussi bon d’un point de vue social. Faire durer les appareils et concevoir des services numériques simples et légers permet de lutter contre la fracture numérique : les personnes qui n’ont pas accès à un numérique « premium », faute de moyens financiers, parce qu’ils ne sont pas à l’aise avec les outils et donc n’investissent pas ou parce qu’ils sont dans une région isolée bénéficieront de cette conception.

De plus, les pratiques d’écoconception de services numériques convergent largement avec l’accessibilité de ceux-ci : faire simple, clair, léger, focalisé sur le texte. On peut le voir par exemple en parcourant les pratiques de qualité web d’OPQUAST (auxquelles nos experts ont contribué) : les tags « Accessibilité » et « écoconception » se recoupent souvent.

Pour améliorer la qualité des services numériques

Si on regarde les listes de pratiques et de questionnements issus des référentiels d’écoconception de services numérique, c’est à dire les 115 bonnes pratiques d’écoconception web (auquel j’ai participé et dont je suis les traductions sur mon temps libre), le RGESN de la DiNum ou encore le GR 491 de l’INR, on constate que dans une large mesure, les experts qui ont créé ces outils ont quelque part listé les bonnes pratiques de leur domaine métier (architecture développement, design, etc.). Ces pratiques sont bénéfiques pour l’impact environnemental du produit, mais aussi pour d’autres raisons.

Par exemple, pour créer un service efficient, concrètement, c’est mettre en place des améliorations qui vont dans le sens de meilleures performances : faire pareil avec moins de ressources. Notons aussi que la performance des pages web fait partie de la note pour le référencement, de même qu’avoir un design simple, basé sur le texte plutôt que le multimédia. De même, créer des parcours client simples et directs est une bonne idée en ergonomie.

On peut aussi voir l’application d’un référentiel de pratique aux moments clefs du projet comme l’application d’une démarche qualité : l’équipe s’auto-évalue, améliore en continu ses pratiques, met en place des check-list et des indicateurs, se fixe des objectifs d’amélioration… En ce sens, mettre en place une démarche numérique responsable fait partie ou permet de mettre en place une amélioration continue formalisée de la qualité des produits.

Pour faire des économies

Être économe et être écolo, c’est souvent convergent.

Faire durer les appareils, en acheter le moins possible, éviter les gadgets, cela permet de dépenser moins dans son parc informatique. Mettre en place une démarche GreenIT au niveau du système d’information est donc une source d’économies. Dans l’étude de Boavizta, on peut voir par exemple qu’Ubisoft a chiffré une économie potentielle de 1M€ grâce à la mise en veille des postes de travail et à l’allongement de la durée de vie des équipements.

Il en va de même pour les services numériques : on veut dépenser moins de ressources pour avoir besoin de moins d’infrastructures mais ces ressources sont facturées. Il y a donc un lien clair avec la démarche FinOps. D’ailleurs si on croise les pratiques finops et les pratiques GreenIT des référentiels on voit qu’elles convergent à 80% !

Dans la présentation d’Holly Cummins, on apprend, à partir entres autres d’études de RedHat, que les ressources serveurs provisionnées et allumées pour rien ont généré 26.6 milliards de dollars de dépenses en 2021, que 40% des instances sont surdimensionnées ou encore que 35% des dépenses de stockages sont pour des volumes détachés. Il y a de la place pour de l’optimisation !

Pour s’adapter aux législations

Le cadre légal sur le numérique évolue. Là encore ce n’est pas spécial, tous les secteurs ont une pression législative pour réduire leur impact environnemental et social. 

La loi AGEC de 2020 a introduit l’indice de réparabilité, ainsi que l’obligation pour l’administration publique de favoriser le recours à des logiciels « dont la conception permet de limiter la consommation énergétique associée à leur utilisation » (article 55).

La loi REEN de novembre 2021 a, outre l’obligation de fournir les pièces détachées, des manuels de réparation et autres contraintes pour les constructeurs, introduit des obligations qui nous concernent potentiellement directement : 

  • L’obligation de former les ingénieurs en informatique sur l’impact du numérique (article 2 et article 3) : vos nouvelles recrues seront sensibles à la question !
  • L’obligation d’informer le consommateur des caractéristiques essentielles de chaque mise à jour : « notamment l’espace de stockage qu’elle requiert, son impact sur les performances du bien et l’évolution des fonctionnalités qu’elle comporte » (article 9)
  • L’obligation de prise en compte des  indices de réparabilité et de durabilité dans les commandes publiques (article 15) et l’obligation à partir de 2025 pour les communes et leurs intercommunalités de plus de 50 000 habitants d’élaborer une stratégie numérique responsable (article 35)
  • Et bien sur la création en 2024 d’un référentiel général d’écoconception de services numérisés (RGESN), inspiré des référentiels déjà existants et auquel Zenika a contribué, ainsi que notre partenaire GreenIT.fr (article 25)

D’autres lois suivront. On voit donc que se placer dès à présent dans une démarche permettant d’être en conformité avec la législation est un bénéfice pour les entreprises. C’est d’ailleurs ce que répondent, à hauteur de 29%, les participants à l’étude de Boavizta.

Pour son image de marque

D’après un sondage OpinionWay pour « Les Echos » et BNP Paribas 53% des Français sont prêts à payer plus cher pour une marque engagée. Les clients et clients potentiels sont sensibles aux actions de leurs fournisseurs. C’est aussi vrai en B2B : les appels d’offres comportent désormais très souvent des questions concernant les engagements RSE des répondants.

Dans l’étude de Boavizta, 14% des organisations constatent qu’elles ont gagné des clients grâce à leur démarche numérique responsable. On peut aussi voir le succès de la démarche au nombre d’exposants au Green Tech Forum, majoritairement des sociétés de conseils et des éditeurs d’outils.

Avoir une bonne image de marque est également important pour le recrutement : d’après une étude de Cone Communication, 51% des répondants ne souhaitent pas travailler pour une entreprise n’ayant pas un engagement social ou environnemental fort et 55% seraient prêts à être payés moins pour un travail responsable. Dans l’étude de Boavizta, 100% des organisations de plus de 5000 salariés ont cité l’amélioration de leur marque employeur comme bénéfice de la démarche numérique responsable.

Pour améliorer la sécurité

Oui, une faille de sécurité peut ruiner une entreprise, mais quel rapport avec le GreenIT ? 

Faire des produits simples, c’est fournir moins de surface d’attaque aux pirates. S’il y a moins de composants déployés (applicatifs, base de données, middlewares, …) c’est d’autant moins de vecteurs d’intrusion. C’est l’un des avantages de l’architecture JAMStack encouragée par les référentiels. De même, avoir moins de dépendances (librairies, framework, …) a le même avantage. 

Enfin, avoir moins d’appareils et moins d’objets connectés dans son système limite les attaques possibles.

Pour gagner de l’argent

Que peut-il se passer si votre service numérique est : 

  • accessible à plus d’utilisateurs, c’est-à-dire y compris ceux qui sont en situation de handicap, qui ont un réseau faible ou un appareil un peu lent ?
  • performant, rapide et pratique à utiliser ?
  • bien référencé ?

Il y a de fortes chances que vous augmentiez votre taux de transformation, fidélisiez vos utilisateurs et gagniez plus d’argent au final. C’est ce qui est arrivé à PriceComparator, une des entreprises participant au projet GreenConcept, qui a eu trois fois plus de demandes client suite à la reconception de son service avec une démarche d’écoconception.

Être résilient dans un monde incertain

Comme tout le monde peut le constater, le monde n’est pas aussi confortable qu’il a pu l’être. De nouvelles guerres se déclenchent, y compris en Europe, les prix augmentent et des pénuries de ressources et de composants apparaissent. 

Le numérique, qui dépend de l’électricité, de l’eau (pour graver les semi-conducteurs et refroidir les centres informatiques) et de quasi tous les métaux et terres rares exploités est forcément et sera forcément encore touché par des crises.

Dans ce contexte, il est important de penser en termes de résilience et de sobriété. Faire attention à ses dépendances et à ses coûts. Être prêt à réduire son infrastructure dynamiquement, à faire durer les appareils, à accepter d’être compatible avec des contextes techniques contraignants, à s’adapter aux contraintes présentes et futures.

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