La règle des 5R

Comme vous avez pu le lire en novembre sur le blog et dans la presse écrite depuis début décembre nous avons chez Zenika collaboré avec le magazine Kaizen afin de produire un hors-série dédié au numérique responsable. Tout le contenu rédigé n’a pas été imprimé, ou pas en entier, pour conserver le magazine équilibré et léger. Nous vous proposons dans cet article de blog un petit chapitre issu de cette phase de rédaction, que nous avons retravaillé et approfondi pour sa publication en ligne et que, nous l’espérons, vous trouverez intéressant!
L’univers du numérique, loin d’être immatériel, représente aujourd’hui près de 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, autant que la flotte de camions, et plus que l’aviation civile. Il est aussi en partie responsable de l’épuisement rapide des ressources naturelles (métaux, terres rares …) et de la pollution de milieux naturels lors des phases de production et au cours de la fin de vie des appareils. Cet impact environnemental, pas du tout négligeable, est de plus, comme l’univers numérique auquel il est lié, en croissance rapide.
La règle des 5R est un moyen mnémotechnique pour retenir les bonnes actions à appliquer pour réduire les déchets. Elle a été développée par la blogueuse Béa Johnson à partir de la règle des 3R. Les 5R sont : refuser, réduire, réparer/réutiliser, recycler et composter (de to rot en anglais), les trois R de la règle éponyme originelle sont simplement réduire, réparer/réutiliser et recycler.
Cette règle peut s’appliquer à de nombreux domaines, en faisant quelques adaptations, et bien évidemment si l’on a pour objectif de réduire l’impact environnemental d’une activité. On peut l’adapter au numérique, dans le cadre d’une démarche de sobriété. Voir notre article précédent sur la sobriété numérique. Dans la suite de l’article, nous allons détailler chaque élément, chaque R de la règle, et comment l’appliquer à notre sujet.
Refuser
Refuser d’acquérir des produits. Remettre en question l’achat d’un bien ou l’utilisation d’un service, se demander si on en a vraiment besoin. Dans le cas du numérique, on peut refuser d’acheter un nouvel appareil, par exemple un nouveau smartphone, ou bien un nouvel objet connecté dont le cas d’usage n’existait pas auparavant. A-t-on vraiment besoin d’un deuxième, troisième écran ?
Et cela s’applique aussi aux services : a-t-on besoin de s’inscrire sur ce nouveau réseau social ? De regarder cette vidéo ? Car les usages tirent la fabrication de matériel. Le produit le plus vert est celui que l’on n’achète pas.
On peut aussi refuser d’acheter non responsable : acheter uniquement des équipements avec les meilleurs éco-labels (comme EPEAT), ou du papier fait avec des fibres recyclées pour les impressions. Refuser aussi les cadeaux publicitaires peu utiles à base de numérique : clés USB, chargeurs, …
Réduire
C’est faire avec moins. Comme pour un régime, on consomme la même chose mais en moindre quantité. Moins de temps passé à consulter des contenus en ligne, en sélectionnant les plus utiles, les plus bénéfiques. Moins de vidéos, ou en plus basse résolution. Et bien sûr moins de consommation d’appareils : on mutualise ce qu’on peut mutualiser, et on fait durer le reste le plus longtemps possible.
Pour les entreprises, modifier la durée d’amortissement d’un appareil, par exemple de 3 à 5 ans, est une grosse source d’économie. Il est aussi important de réduire les consommables : papier et encre pour l’impression par exemple.
Il faut aussi réduire la consommation électrique des équipements électroniques : éteindre dans les bureaux les machines non utilisées la nuit et le week-end, les serveurs de tests et les équipements réseaux, éteindre les box et les équipements en veille.
Réparer/réutiliser
Faire durer le plus longtemps possible les terminaux. Cela veut dire les réparer quand une pièce tombe en panne, plutôt que d’en acheter de nouveaux, ce qui est malheureusement souvent plus simple, voire moins cher. Et on réutilise les pièces des appareils devenus irrécupérables pour réparer les autres.
Cela implique que ceux-ci soient raisonnablement réparables à la base. C’est donc un important critère d’évaluation des fabricants, d’autant plus si on gère un large parc de terminaux : un changement de composant, par exemple la batterie ou le disque dur, doit être possible et simple. Un indice de réparabilité du matériel électronique a été introduit le premier janvier 2021 et sera obligatoire à partir de 2022.
On peut aussi réutiliser des appareils de seconde main sur le marché de l’occasion, du reconditionné, qui se développe, ou utiliser ce marché pour donner une deuxième vie aux terminaux que l’on avait achetés neufs. L’inconvénient est que la garantie est moins longue que sur du neuf. Il faut aussi faire attention à bien effacer d’éventuelles données confidentielles.
De nombreux projets DIY utilisent les composants usagés, par exemple ce traceur arduino créé à partir de lecteurs DVD, ou encore le projet Jerry DIT qui permet de construire un ordinateur fabriqué à partir de composants informatiques de réemploi assemblés dans un bidon !
Une autre possibilité : adhérer à l’économie de la fonctionnalité, qui consiste à remplacer la vente d’un bien par son usage. L’intérêt du fournisseur devient alors de faire durer les appareils.
Recycler
Quand la réparation est devenue impossible, on peut encore récupérer les matériaux qui composent les appareils par le recyclage. Il faut pour ça s’assurer que les terminaux sont bien collectés : les DEEE ne doivent pas aller à la poubelle mais être déposés en déchèterie, ou chez un revendeur, qui sera obligé de les collecter. Tous les supermarchés ont aujourd’hui des points de collectes pour les piles, cartouches d’imprimante et petits appareils électroniques.
Le recyclage complet des produits high-tech est difficile à cause de la grande diversité de matériaux qui les composent et de leur présence souvent en petite quantité et/ou dans des alliages. De plus beaucoup de substances présentes dans ces appareils deviennent toxiques pour l’environnement et les humains en cas d’abandon dans des conditions non optimales. C’est pourquoi il est important de bien collecter ces objets. Une grosse part de ces déchets fait l’objet d’un trafic au niveau mondial, mais les filières européennes et françaises sont normalement de qualité.
Composter
Composter ne s’applique pas dans le cadre du numérique pour le moment. Mais peut-être qu’un jour ce sera le cas ! Il y a en effet des recherches en cours pour fabriquer des composants électroniques… en bois.
Vous voici donc équipé d’un nouvel outil cognitif à appliquer à votre vie de citoyen du monde responsable. N’hésitez pas à le partager ! 🌱
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Hummm, cela me remet en question !
Très complet ! Continuez-ainsi 🙂