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Vie professionnelle

Mon expérience de “Tech for Good”

Comment se rendre utile lorsqu’on est développeur ? Comment rendre à la société ce qu’elle nous a donné ? Ce sont des questions que je me pose depuis que je travaille dans cette industrie. J’ai enfin pu y répondre en codant bénévolement pour une association et cela m’a apporté bien plus que ce que j’espérais. Voici mon expérience de “tech for good”.


Le commencement

En octobre 2019, j’ai participé à une marche pour le climat, et c’était la première fois que j’allais dans une manifestation ou un autre événement militant de ce genre. À la fin de l’après-midi, nous étions 15 000 devant le siège de la Métropole de Lyon. Bon, c’était sympa, mais maintenant, on fait quoi ? Qu’est-ce qu’on peut faire concrètement pour aider à changer la situation ?

Au bout de quelques jours de réflexion, je me suis dit que j’allais voir du côté de l’association qui gère la monnaie locale de Lyon (appelée “la Gonette”). Cela faisait quelques mois que je l’utilisais et quand je demandais autour de moi si les gens connaissaient, j’avais souvent le même type de réponse : les personnes connaissaient, mais ne l’utilisaient pas, car pas assez pratique. Ce que les gens attendaient pour franchir le pas, c’était une version dématérialisée, que ce soit via une carte ou une application mobile. Cela m’a motivé pour aller proposer mon aide pour créer une version numérique de la Gonette. Coup de chance, ils allaient lancer le chantier technique dans les mois qui arrivaient, mais ils n’avaient personne en interne avec des compétences informatiques. Bon, le besoin est là, je devrais avoir les compétences pour les aider, reste à réussir à se dégager du temps pour pouvoir le faire correctement. Je suis donc allé voir mon manager et je lui ai demandé si je pouvais passer à 90 % afin de pouvoir consacrer une demi-journée par semaine pour l’association. Je dois bien avouer que je n’avais aucune idée de sa réaction possible, car il n’y avait pas de cas similaire à ma connaissance. J’ai été agréablement surpris par sa réaction bienveillante et ses encouragements pour que je m’implique sur ce projet. Les détails logistiques ayant été réglés, il était maintenant temps de commencer.


Le quotidien

Chaque semaine, je me rendais au local de l’association pour assister aux réunions de coordination. Le but principal était de recueillir le besoin et de répondre à certaines des questions techniques ou ayant en dépendance un choix technique. Les temps de développement étaient plutôt les soirs et les week-ends, le local n’étant pas adapté pour pouvoir développer sereinement, surtout à cause du bruit et des interruptions.

La Gonette est une association qui se veut démocratique, et cela se ressent au quotidien. Le meilleur exemple est la manière de prendre des décisions. Habituellement, en cas de conflit sur une décision, soit un consensus se dégage, soit une personne tranche. À la Gonette, c’est la prise de décision par consentement qui est utilisée. On passe d’une logique de “tout le monde est d’accord” à une logique de “personne ne s’oppose”. Il y a un ensemble d’étapes qui permettent à chacun de pouvoir s’exprimer. Cela peut parfois prendre un petit peu plus de temps, mais les décisions sont généralement mieux acceptées.


La technique

Venons-en maintenant à ce que j’ai pu faire de technique. L’outil qui est utilisé pour gérer les transactions numériques s’appelle Cyclos. C’est le progiciel de référence sur le marché, qui a été installé et configuré par un prestataire commun avec d’autres monnaies locales. Par contre, une fois livré, il fallait importer les données qui étaient déjà présentes dans l’ERP de l’association (Dolibarr de son petit nom). C’est là que savoir écrire une requête SQL devient intéressant. Plutôt que de copier-coller à la main les informations des 300 professionnels du réseau, une requête SQL couplée à un fichier d’import a permis de gagner du temps. Idem pour deux ou trois autres types de données, que j’ai aussi pu importer en masse.

Ensuite, il a fallu créer un formulaire pour récupérer des informations sur les personnes qui voulaient ouvrir un compte numérique. Dolibarr, l’ERP de l’association, prévoyait de pouvoir rajouter du code, avec d’autres développeurs, nous avons pu rajouter un formulaire PHP. L’alternative était soit un formulaire en ligne type Framaform ou Google Form, soit que les personnes fassent leur demande par e-mail. L’avantage du formulaire intégré à Dolibarr, c’est que les personnes s’occupant de la gestion des adhésions avaient accès à toutes les informations directement dans l’ERP.

Mis à part des développements classiques comme ceux décrits juste avant, j’ai aussi souvent été sollicité comme technicien de SAV informatique. Que ce soit de l’installation d’ordinateurs sous Linux, de la configuration d’imprimante ou des problèmes wifi, ce sont des tâches qui peuvent paraître simples quand on est dans le métier, mais qui peuvent faire perdre beaucoup de temps et engendrer de la frustration au quotidien. De plus, c’est assez gratifiant à titre personnel de voir l’impact positif qu’on peut avoir.


Les enseignements

Dans mon activité professionnelle, je développe surtout en Java. Je n’allais pas imposer une technologie alors que j’étais le seul à la maîtriser. Du coup, j’ai appris pas mal de choses techniquement sur du SQL, du PHP, du Python et d’autres technologies que je ne pratiquais pas avant.

Mais il serait réducteur de résumer mes enseignements à de la technique. C’est surtout sur l’aspect humain et l’aspect organisationnel que j’ai appris pendant mon année de bénévolat. Tout d’abord, j’ai pu croiser des gens d’autres milieux qu’habituellement. Comparé au milieu des développeurs professionnels, il y avait beaucoup de mixité de genre, d’âge et de niveaux d’études. C’est toujours enrichissant de côtoyer des personnes ayant des chemins de vie totalement différents du sien.

Pendant quelques mois, j’ai eu à faire le lien entre des développeurs et le reste de l’association. Je servais de référent technique d’un côté, et de référent métier de l’autre. Ce n’est pas une situation que j’ai choisie, mais j’étais le seul développeur à pouvoir me rendre régulièrement au local pendant les heures de bureau, cela s’est donc fait naturellement. J’ai découvert que gérer des développeurs en milieu professionnel et gérer des développeurs bénévoles, ce n’est pas du tout la même chose. Il est extrêmement difficile de pouvoir recruter et fidéliser un développeur bénévole. De plus, il faut encore faire plus attention à ne pas le surcharger de tâches, mais plutôt essayer d’orienter ce qu’il a envie de faire. J’en profite pour remercier les développeurs et développeuses qui m’ont accompagné à la Gonette, ils se reconnaîtront.


La tech for good

Pour tous ceux et toutes celles qui souhaitent passer un peu de temps pour simplifier la vie des gens grâce à la technologie, je vous encourage à aller pousser la porte des associations de votre quartier. La plupart ont au moins un site web, une newsletter et/ou un outil de gestion des adhérents. Vos compétences, quelles qu’elles soient, seront toujours appréciées et peuvent libérer du temps et de l’énergie à ces personnes pour qu’elles puissent faire avancer la cause qu’elles défendent. 

Si c’était à refaire, je signerais sans hésiter. Cela a été avant tout une expérience humaine et j’ai pu créer du lien avec des personnes que je n’aurais sûrement pas croisées autrement. Par contre, je me focaliserais davantage sur la partie technique et moins sur la partie gestion de l’association, car participer au comité de pilotage m’a pris du temps et de l’énergie sur des sujets sur lesquels je n’étais pas le plus pertinent (questions RH, stratégie de développement).

Voilà, c’était mon expérience personnelle de “tech for good”, j’espère qu’elle vous aura donné envie de vous engager à votre tour.


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